L'Étranger

Albert Camus a raison: nous sommes tous des condamnés à mort. Voilà pourquoi l’une de ses plus grandes leçons est de se presser de vivre. Peu importe si, dans l’avenir, seuls les archéologues se soucieront de nous.

Le 12 septembre 2001, au lendemain de l’effondrement des tours jumelles à New York, la cruelle lucidité d’un Meursault ne pouvait que résonner encore dans l’esprit de ses millions de lecteurs. Même si L’Étranger paraît en pleine Deuxième Guerre mondiale, tout comme Le Petit Prince de Saint-Exupéry, son succès et son actualité n’étonnent plus. Son héros figure désormais parmi les plus grands mythes de la littérature à l’instar des Don Quichotte, Don Juan et Faust. Pendant plus de 50 ans cependant, on a voulu voir dans ce roman une œuvre sombre où le pessimisme l’emporte sur l’espoir. Mais l’ombre n’existe que par la lumière. Meursault nous oblige à lever la tête et à élever la voix pour une unique raison. Parce que Camus a su créer un homme à son image: vrai, lucide, conscient et terriblement beau dans sa quête de vérité.